A l’issue d’une opération menée sur trente jours, l’Organisation internationale de police criminelle a intercepté 1,5 million de tonnes de déchets illégaux. La majorité est liée à l’industrie automobile.
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Dans la lignée de la saisie de pesticides illégaux ou contrefaits par leurs confrères au niveau européen en juillet, l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol) vient également de réaliser un nouveau coup de filet. Elle a découvert plus d’1,5 million de tonnes de déchets illégaux au cours d’une opération menée du 1er au 30 juin avec la collaboration de 43 pays.
Lors de ses précédentes actions, Interpol s’était concentrée sur les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE). Elle avait ainsi montré que 65% de ces déchets (6,15 Mt) sortaient des circuits officiels de collecte : ils ont été exportés (1,5 Mt) ou recyclés dans des conditions non conformes en Europe (3,15 Mt) mais également jetés parmi d’autres déchets (750.000 t).
Pour cette opération menée au niveau mondial, l’Organisation de police a élargi son champ d’action à tous les types de déchets illégaux, comme les déchets industriels, de construction, domestiques, médicaux, etc. Toutefois la majorité des déchets retrouvés étaient des déchets métalliques ou électroniques, généralement liés à l’industrie automobile.
Au final, 226 infractions pénales ont été signalées : 141 transferts représentant près de 14.000 tonnes de déchets illégaux et 85 sites où les déchets ont été éliminés illégalement. Interpol a également identifié 413 entorses administratives. Environ 326 personnes et 244 entreprises auraient au total été impliquées au niveau mondial.
Principales destinations pour l’export illégal : l’Asie et l’Afrique
Interpol a pu vérifier que les principales destinations pour les déchets exportés illégalement d’Europe et d’Amérique du Nord étaient l’Asie et l’Afrique. “Les autorités néerlandaises ont découvert plus de 10.000 tonnes de déchets soupçonnés d’être impliqués dans un trafic illégal en Europe et des Pays-Bas vers des pays d’Afrique de l’Ouest, du Sud et du Sud-Est asiatique et des Caraïbes“, pointe l’Organisation de police.
De nouvelles voies transnationales de trafic ont également pu être identifiées par l’opération. Interpol a ainsi pu intercepter 300 tonnes de déchets dangereux transférés illégalement de Chypre en Amérique centrale. L’organisation a découvert un circuit de transit passant par l’Egypte, Malte, le Maroc, le Portugal, l’Espagne et les États-Unis.
“Lorsque les déchets dangereux sont mal éliminés, ils contaminent l’eau, le sol et l’air, menaçant la santé et la sécurité dans le monde“, déplore Interpol.
Une des dix priorités de l’UE
Le Conseil de l’Union européenne a placé la lutte contre le trafic illicite de déchets parmi les dix priorités pour les cinq prochaines années de l’Union européenne concernant le crime organisé.
Sur ce sujet, les pays de l’UE ne brillent pas par leur action. “Trop d’Etats membres ont fait preuve de mauvaise volonté et n’ont mené aucun contrôle en temps réel concernant les transferts illicites des déchets à partir de leur territoire, dénonçait déjà en 2014 Bart Staes, rapporteur d’un projet européen de renforcement des règles sur la question (Verts/ALE, BE).
La situation pourrait encore se tendre. La Chine a en effet annoncé en juillet dernier son intention d’interdire l’importation de certains déchets pour lutter contre les transferts illégaux. “A ce jour, la capacité des autres usines mondiales n’est pas en mesure de consommer ces volumes aujourd’hui importés par la Chine“, avait alors alerté la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec). En France, les centres de tri n’ont pas les capacités de stockage suffisantes. “Cette absence de débouchés oblige notre profession à prendre des mesures drastiques sur les volumes et les qualités aujourd’hui collectés (surtri, lavage, valorisations alternatives) et à chercher en urgence des solutions de substitution afin d’en limiter les productions“, a également indiqué Federec.
Source>>>>> – Article paru le 15 août 2017 dans Actu-Environnement.com par Dorothée Laperche, journaliste.